Les PFAS, ces polluants éternels, qui sont-ils ? - Partie 1

On les surnomme “polluants éternels”, du fait de leur structure moléculaire particulièrement stable et persistance. Les substances dont il est question ici sont désignées sous le terme de PFAS (“pifasse”), terme venant de l’anglais « Per and polyfluoroalkyl substances », soit des substances alkylées per - ou polyfluorées. Elles font partie des polluants organiques persistants (POP), des substances qui partagent quatre critères en particulier : la toxicité, la persistance dans l’environnement, la bioaccumulation (accumulation dans l'organisme) et la mobilité. 

Cette partie vise à donner des explications sur la nature de ces polluants, leur provenance et la réglementation applicable à celles-ci. La deuxième partie traitera de leur concentration problématique dans certains départements ainsi que des plaintes qui en découlent ces derniers mois. Pour finir, la troisième partie traitera des risques sanitaires qu’ils présentent et des solutions pour éliminer ces PFAS, d’après des études !

Selon l’ANSES, ils recouvrent une large famille de plus de quatre mille composés chimiques. Mais d’autres organismes, comme PubChem, une banque de données américaine de molécules chimiques, en comptait environ six millions en 2022 !

La liaison carbone-fluor qui les caractérise au niveau atomique est l'une des liaisons les plus fortes en chimie organique, ce qui confère à ces produits une survivance dans l'environnement extrêmement longue. 

On peut noter qu’il en existe deux types : les PFAS à chaîne longue et ceux à chaîne courte. Les premiers se fixent et s’accumulent dans notre environnement et dans les organismes vivants : ils sont donc bioaccumulables. Les seconds, à chaîne courte, ont servi de substitution aux PFAS à chaîne longue au cours des dernières années. Plus solubles dans l’eau et plus mobiles, ils n’en sont pas moins nocifs et voyagent ensuite loin, comme le démontrent les traces retrouvées en Arctique et en Antarctique.

  • D’où viennent ces polluants éternels ? 

La particularité et la révolution de ces PFAS tient à leur propriétés antiadhésives, imperméabilisantes et de résistance aux fortes chaleurs. Ces substances sont largement utilisées depuis les années 1940 dans divers domaines industriels, et produits de consommation courante : textiles (comme la technologie Gore-Tex), revêtements antiadhésifs, dont le Téflon, cosmétiques, produits phytosanitaires, mousses anti-incendie, dispositifs médicaux (tels que prothèses de hanches). 

©ARS

Vous l’aurez compris, l’industrialisation et la modernisation des sociétés, accompagnées de la myriade d’objets et d’usages liés aux modes de vie contemporains, ont mené à la création de véritables poisons contaminant l’eau, l’air, les sols, les sédiments, et les organismes vivants.

En février 2023, le journal Le Monde a publié une enquête collaborative menée avec dix-sept partenaires pour documenter et cartographier l’ensemble de la contamination de l’Europe par les substances PFAS. Cliquez sur ce lien si vous souhaitez consulter cette carte.

  • Réglementation en vigueur : une goutte d’eau dans un océan de substances ?

Au niveau international, la Convention de Stockholm de 2001 réglemente plusieurs composés de la famille des PFAS. Plusieurs mesures ont été prises telles que la restriction de la production et de l’utilisation du PFOS (sulfonate de perfluorooctane) depuis 2009. Depuis 2020, le PFOA (acide perfluorooctanoïque) est interdit à l’import, l’export et la production. Puis, le 7 avril 2022 l’Union Européenne interdit la production et l’utilisation du PFHxS (acide perfluorohexane sulfonique). 

Ces composés en particulier sont les plus persistants dans l’environnement et sont classés comme cancérogènes (PFOA) ou “peut-être cancérogènes” (PFOS). Mais s’il en existe plus de quatre mille voire plusieurs millions selon d’autres sources, ces quelques composés réglementés paraissent être une goutte d’eau dans un océan de substances toxiques !

Ces interdictions et restrictions sont imposées par le règlement POP (polluants organiques persistants). La réglementation REACH vise à sécuriser la fabrication et l’utilisation des substances chimiques fabriquées, importées, mises sur le marché européen. Mais actuellement, les polymères, dont certains PFAS, sont exemptés des processus de REACH.  Cette réglementation est donc en cours de révision.

Ces directives et règlements européens sont transposés en droit français (les informations proviennent du site de l’ARS).

Rendez-vous dans la deuxième partie pour aborder davantage la question de leur présence dans l’eau. Il sera question de certaines analyses récentes de l’ARS qui révèlent des taux de concentrations problématiques dans l’eau de certains départements, puis des plaintes et actions collectives concernant ces substances. 

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