Les PFAS, quelles solutions ? - Partie 3

Face à ces récentes analyses, enquêtes et plaintes, nous voyons donc émerger de vraies questions : à quel point sommes-nous contaminés par ces PFAS ? existe-t-il des solutions pour éliminer ces PFAS ?

  • Tous contaminés ?

Un rapport de Santé Publique France a indiqué en 2019 que les deux principaux PFAS (PFOA : acide perfluorooctanoïque et PFOS : sulfonate de perfluorooctane) ont été détectés chez 100% des 744 adultes et les 249 enfants testés.

La même année, une étude portant sur des femmes enceintes a révélé que la totalité des échantillons de sérums sanguins maternels (soit 457 dyades mère-enfant) prélevés pendant la grossesse contenaient des PFAS.

Les études épidémiologiques montrent des effets avérés et suggérés sur la santé tels que la favorisation de cancers (notamment cancer du rein et des testicules), des conséquences néfastes sur les systèmes reproductif ou hormonal (certains sont des perturbateurs endocriniens) ainsi que sur le système immunitaire (dysfonctionnement du foie, diminution de la réponse immunitaire aux vaccins, baisse des niveaux hormonaux, faible poids et petite taille de naissance, retard de la puberté, hyperthyroïdie, colite ulcéreuse).

©wikipedia

  • Quels sont les PFAS surveillés ? 

A l’heure actuelle, le PFOA et le PFOS sont les deux composés les plus étudiés. Le PFOA, acide perfluoroctanoïque est classé comme cancérogène depuis la fin de l’année 2023 et le le PFOS, acide perfluorooctane est classé comme “cancérogène possible”. Notons tout de même que le PFOA, désormais reconnu comme cancérogène, l’est devenu il y a quelques mois seulement. Ce n’est qu’après des études suffisantes et un certain temps que la réelle toxicité de certaines substances peut être mise en évidence.

Les études épidémiologiques se multiplient, qu’il s’agisse des effets sur le système immunitaire ou les problèmes reproductifs et hormonaux. Une étude sur les risques de maladies cardiovasculaires (Etats-Unis) démontre une association positive entre le total des PFAS considérés et des maladies cardiovasculaires (insuffisance cardiaque congestive, maladie coronarienne, angine de poitrine, crise cardiaque) indépendamment d’autres facteurs à risques. 

Si deux d’entre elles sont largement visés, 20 substances sont aujourd’hui surveillées par les directives européennes, en voici la liste. Voici également un exemple d’analyse du réseau d’eau des Monts du Lyonnais dans lequel on trouve des PFAS. 

  • Quelles solutions ? 

Si certaines mesures visent à en interdire ou réduire la production, l’utilisation et la circulation des PFAS, on les retrouve tout de même dans des zones très éloignées de leur source de fabrication, et les rejets industriels sont difficiles à cadrer concrètement. Mais il existe des solutions à mettre en place chez vous.

Nous avons choisi de vous donner l’aperçu d’une recherche en particulier qui compare différents systèmes de filtration et leur efficacité dans le traitement des PFAS. 

Cette étude a été menée aux Etats-Unis (Caroline du Nord et Caroline du Sud), en contexte d’usage domestique de la filtration, et non en laboratoire comme beaucoup d’autres. Au total, 73 maisons, 87 échantillons d’eau non filtrée et 89 échantillons d’eau filtrée ont été comparés.

Ci dessous, vous pouvez observer le tableau de pourcentage d’élimination des PFAS, selon les méthodes de filtration. Les colonnes qui nous intéressent sont les deux dernières à droite : “two-stage filter” (double filtration) et “reverse osmosis” (osmose inverse). Ces systèmes montrent une élimination significative des substances ciblées dans l’étude.

Par ordre d’apparition de gauche à droite, les différents systèmes sont : filtre de comptoir (placé sur évier), filtre sur robinet, carafe filtrante, filtre de réfrigérateur, filtre unique sous évier (1 niveau), charbon actif granulaire à l’arrivée d’eau générale, résine échangeuse d’ions et charbon actif granulaire à l’arrivée d’eau générale. Et enfin la double filtration ainsi que l’osmose inverse.

© Nicholas J. Herkert, John Merrill, Cara Peters, David Bollinger, Sharon Zhang, Kate Hoffman, P. Lee Ferguson, Detlef R. U. Knappe, and Heather M. Stapleton Environmental Science & Technology Letters 2020 7 (3), 178-184 DOI: 10.1021/acs.estlett.0c00004

Les résultats soulignés montrent en particulier les différences d’efficacité entre les systèmes pour le PFOS et le PFOA. Certains des autres PFAS visés dans l’étude font également partie de ceux qui sont surveillés en Europe (voir la liste plus haut). L’étude montre l’efficacité de la double filtration et de l’osmose inverse pour l’ensemble des PFAS ciblés. L’intérêt de ces dispositifs tient à leur capacité de filtrer une gamme élargie de PFAS, ceux à chaîne longue comme à chaîne courte. 

Les chercheurs ont examiné plusieurs caractéristiques pouvant expliquer la variabilité de l’efficacité d’élimination entre tous les filtres et les PFAS. Mais ils n’ont trouvé aucune corrélation statistiquement pertinente entre l’efficacité d’élimination et la marque, la qualité ou charge de l’eau, ou encore l’usure du filtre. Ce qui nous intéresse ici, ce sont donc les différences entre les systèmes. 

La double filtration sous évier et l’osmoseur sont donc des systèmes prometteurs pour vous permettre d’éliminer le plus possible ces substances de votre eau et donc de votre corps. Et si les PFAS ne sont pas encore présents dans toutes les analyses, rappelez vous qu’ils le seront de plus en plus d’ici 2026, et qu’ils font partie des polluants organiques persistants (ils s’accumulent dans l’environnement ainsi que les organismes et voyagent sur de longues distances).

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